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Quel Pacte ? Quelles solidarités ?

La Première ministre a présenté lundi 18 septembre son « Pacte des solidarités ». Le titre sonne bien, mais hélas les mots sont vides. Un pacte associant l’État et les associations engagées au quotidien auprès des personnes en difficulté aurait du sens. Mais il faudrait pour cela qu’elles y trouvent de réels moyens pour rétablir des solidarités aujourd’hui bien malmenées. Faute de cela, ce « pacte » est une déclaration d’intention unilatérale, et son contenu révèle une conception très restrictive du mot « solidarités », ramenées à une liste de petites mesures bien loin de la hauteur des besoins.

Le silence du document sur la politique du logement signifie poursuite de la ponction opérée chaque année dans le budget des organismes Hlm et non remise en cause des baisses opérées sur l’APL. Alors que la production de logements sociaux a chuté à 80 000 unités par an, très loin des objectifs et, surtout, des besoins, la Banque des territoires, dans une récente note de perspective, anticipe une baisse à 66 000 d’ici 2030. Encore faudrait-il déduire de ce nombre les logements vendus et démolis, et observer que seule une minorité des nouveaux logements sociaux est effectivement accessible aux plus pauvres.

Le document évoque le renforcement des moyens des CCAPEX [1] et l’ouverture de permanences socio-juridiques pour prévenir les expulsions, mais que valent ces engagements après la publication de la loi Kasbarian qui a raccourci les délais pouvant être accordés aux locataires en difficulté et introduit une pénalisation des ménages expulsés ?

La première ministre s’est engagée à maintenir les capacités d’hébergement à leur niveau actuel soit 203 000 places [2]. Mais peut-on opposer un chiffre plafond aux personnes qui sont à la rue ? Faute de vraie politique du logement, le maintien des capacités d’hébergement signifie qu’il y aura demain encore plus de sans-abris non secourus.

Loin de moi l’idée de mettre en doute la volonté du Gouvernement de réduire la pauvreté. Mais il n’a aucune chance d’y parvenir en se fixant au départ la contrainte de ne pas dépenser un centime de plus et de ne pas revenir sur les baisses de crédit opérées au cours des dernières années. La lutte contre le mal-logement n’a pas connu le « quoiqu’il en coûte », elle a été sacrifiée pendant la période Covid comme avant et elle continue de l’être.

Les mots ont un sens : la solidarité nécessite de reprendre à celui qui a plus pour donner à celui qui a moins. Il y a quelques années, le président de la République avait défendu les « premiers de cordée ». L’image est intéressante : dans une cordée, chacun est solidaire et le premier ne peut pas avancer plus vite que le dernier. C’est ainsi que tous progressent en sécurité. Aujourd’hui, force est de constater que la corde est rompue, les derniers sont coincés dans la rimaye tandis que les premiers, qui ont atteint le sommet depuis longtemps, voudraient grimper encore plus haut. Faudra-t-il attendre que tout le monde soit tombé pour rétablir la cordée ?

Bernard Lacharme
Président de l’Association DALO


[1Commissions de coordination des actions de prévention des expulsions

[2Ce chiffre ne prend pas en compte l’hébergement dédié aux demandeurs d’asile et réfugiés. Il inclut par contre environ 70 000 places en hôtel.


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