Après le vide des annonces faites à l’issue du Conseil national de la refondation, restait la promesse d’un nouveau plan « Logement d’abord », six mois après la fin du précédent.
Présenté le 20 Juin, ce nouveau plan se place dans la continuité du premier, qu’il nous présente comme un succès : accélération des relogements pour les personnes sans domicile, développement de l’intermédiation locative et des pensions de famille. Le nouveau plan se donne pour objectifs la mobilisation de logements, l’accompagnement et la prévention. Il remet à l’ordre du jour le développement des résidences sociales et des foyers de jeunes travailleurs, oubliés du premier plan. Comme le précédent, il s’appuie sur des territoires de « mise en œuvre accélérée » faisant l’objet d’une contractualisation avec les collectivités territoriales volontaires.
Mais peut-on parler de réussite du premier plan alors que le nombre de sans-abris n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui ? Sommes nous réellement dans une logique de « Logement d’abord » quand le nombre de places d’hébergement a davantage progressé que celui de l’intermédiation locative, sans pour autant suffire à la demande ? La prévention est-elle vraiment un objectif gouvernemental alors que la loi Kasbarian va multiplier les expulsions sans relogement ?
En réalité, le « Logement d’abord » restera un leurre tant qu’il ne sera pas inscrit dans une véritable politique de production de logements abordables. Le bilan qui nous est présenté du premier plan fait d’ailleurs l’impasse sur la non atteinte de ce qui était son premier objectif : le développement d’une offre de logements très sociaux. Le deuxième plan affiche à nouveau des objectifs de production mais ces objectifs, pourtant modestes et insuffisants, ne pourront pas être atteints car les moyens n’y sont pas. Au contraire, le maintien de la taxe sur les bailleurs sociaux, l’absence de subventions d’État et l’insuffisance des APL vont continuer à aggraver la situation pour les plus pauvres.
On peut, certes, toujours se réjouir de l’abondement de telle ou telle ligne ligne budgétaire via le plan Logement d’abord. On peut se dire que les choses seraient pires s’il n’existait pas. Mais notre responsabilité est de dire que ce plan est d’abord une illusion. En attirant l’attention sur quelques dispositifs et quelques crédits, il la détourne de l’essentiel : le renoncement à se donner les moyens d’assurer le droit au logement.
C’est le procédé classique de l’illusionniste : regardez ce que fait ma main droite pour ne pas voir ce que fait ma main gauche.
Bernard Lacharme
Président de l’Association DALO
Plan logement d’abord 2
Communiqué du Collectif des associations unies
Communiqué de l’Union sociale pour l’habitat