Quel gouvernement croire ? Celui qui, dans le plan « Logement d’abord » [1], décide d’augmenter la production de logements très sociaux ou celui – le même - qui puise 1,5 milliard dans le portefeuille des organismes Hlm en 2018, puis en 2019, les contraignant à annuler l’essentiel de leurs projets de production ? Celui qui souhaite que davantage de ménages sans domicile soient directement accueillis comme locataires ou celui qui, en obligeant les Hlm à supporter le coût de la réduction de l’APL, les dissuade de loger les plus pauvres ?
Autre plan dont on attendait beaucoup, le plan de lutte contre la pauvreté, présenté par le Président de la République le 13 septembre, comprend également une menace pour le « Logement d’abord » : il annonce la fusion des minima sociaux « du RSA aux APL » dans un « revenu unique d’activité ». Or l’APL n’est ni un minimum social, ni un revenu d’appoint, mais une aide dédiée, calculée en fonction du loyer et exclusivement réservée à son paiement. Elle est d’ailleurs le plus souvent versée en tiers payant au propriétaire [2]. L’aide au logement est une garantie, partielle mais bien réelle, pour le propriétaire qui loge des ménages à faibles ressources. Sans elle, que devient le principe du « Logement d’abord » ?
Garant du droit au logement, l’État se doit de préserver et renforcer les outils de solidarité indispensables à sa mise en œuvre.
[1] Plan quinquennal 2018-2022 pour le logement d’abord
[2] C’est systématiquement le cas s’il s’agit de l’APL (aide personnalisée au logement), qui concerne les logements sociaux et les logements privés conventionnés ; c’est le cas aussi pour l’allocation logement, qui concerne le reste du parc privé si le locataire en est d’accord ou s’il est en impayé.