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Les oubliés de l’abondance ne doivent pas être les sacrifiés de la « sobriété »

Chacun comprend la nécessité pour notre pays de soutenir fermement l’Ukraine. Il s’agit de solidarité mais aussi d’éviter que, demain, notre propre liberté se trouve à son tour menacée. Chacun comprend l’urgence à réviser un mode de consommation destructeur de notre climat et de notre environnement. Nous devons, collectivement, en assumer les conséquences économiques et ceci justifie les appels à la sobriété. Mais la sobriété consiste à se passer du superflu. Elle ne saurait concerner ceux qui ne bénéficient pas du nécessaire. On ne peut annoncer la « fin de l’abondance » sans méconnaitre ceux dont le quotidien est fait de pénurie.

L’abondance ne concerne pas les demandeurs de logement social qui patientent, souvent plusieurs années, pour obtenir un logement compatible avec leurs ressources. Elle ne concerne surtout pas les ménages reconnus prioritaires DALO qui attendent des préfets l’application de la loi. Il y a aujourd’hui quatre millions de personnes non logées ou mal logées du fait de la pénurie de logements abordables. Il y a trois millions de ménages qui, avant la crise actuelle, étaient en situation de précarité énergétique. Pour eux il ne s’agit pas de sobriété mais d’incapacité à se chauffer décemment, et le renchérissement des prix va aggraver leur situation.

Plus que jamais, notre pays a besoin de cohésion sociale pour faire face à la crise. Or cette cohésion ne peut pas être atteinte si les oubliés de l’abondance sont à nouveau en première ligne des sacrifices demandés à la Nation. La solidarité est indispensable et on peut, de ce point de vue, s’étonner des discours annonçant le renoncement, par principe, à agir par l’impôt. L’impôt, à condition d’être équitablement réparti, est le seul moyen de financer l’indispensable redistribution des ressources.

On peut d’autant plus s’en étonner que la dernière mandature a vu apparaître un impôt nouveau et particulièrement injuste, une taxe de 1,3 milliards d’euros payée chaque année par les organismes Hlm. Il faut en effet appeler un chat un chat : ce qui est officiellement dénommé « réduction de loyer de solidarité » est en réalité un prélèvement opéré dans les ressources des organismes Hlm, contraints de réduire leurs loyers sans bénéfice pour leurs locataires puisque leur APL est réduite d’autant pour alléger le budget de l’Etat. Ces fonds manquent aux organismes pour construire. Ils leur manquent pour mener les travaux de réhabilitation thermique indispensables à leurs locataires.

À quelques jours du congrès Hlm et des annonces budgétaires pour 2023, nous attendons la fin de la taxe sur les Hlm et le rétablissement des financements indispensables pour assurer à chacun son droit à un logement décent et indépendant.


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