La guerre en Ukraine nous ramène à l’essentiel : la paix n’est pas un acquis, elle se construit, et les droits fondamentaux en sont le ciment. C’est parce que la misère et les inégalités génèrent la guerre, que les nations se sont réunies en 1948 pour adopter la Déclaration universelle des droits de l’homme. Celle-ci contient non seulement les libertés fondamentales mais aussi le droit de tout citoyen à se loger, à se soigner, à se nourrir, à se vêtir, à accéder à l’éducation et à la culture. Le préambule de notre Constitution l’a traduit en proclamant le droit de toute personne dans l’incapacité de travailler à obtenir de la collectivité des « moyens convenables d’existence ». Hélas, aujourd’hui, les moyens convenables d’existence, dont le logement, font défaut y compris à des personnes qui travaillent.
Le soutien apporté par notre pays au peuple Ukrainien combattant pour sa liberté est juste. Il est nécessaire pour nous protéger nous-mêmes, mais il aura un coût économique. Comment allons nous répartir ce coût ? La lutte contre la pandémie, qui a mobilisé des moyens budgétaires considérables, est venue aggraver encore les inégalités qui gangrènent notre démocratie. Il est choquant d’apprendre que les cinq français les plus riches possèdent autant que les 40% les plus pauvres, alors que l’on dort dans les rues de nos villes, que 600 000 personnes n’y échappent que parce qu’elles trouvent un refuge précaire chez des amis ou dans la famille, que d’autres sont contraintes de s’entasser dans des logements insalubres, et que les bidonvilles se multiplient. Continuer à accroitre ces inégalités reviendrait à nier des droits fondamentaux déjà bien maltraités, et à mettre à mal l’indispensable cohésion nationale.
A l’occasion des quinze ans de la loi DALO, le Haut comité pour le droit au logement, réuni vendredi 4 mars à Lyon, a adopté un appel qui se conclut ainsi : « Humanisme ou barbarie ?
Plutôt que la loi du plus fort, nous choisissons l’humanisme. Car une société qui laisse mourir les siens dans les rues, est une société en route vers la barbarie. Agissons pour porter l’espoir. L’espoir d’une société qui respecte enfin la dignité humaine. »
De son côté, Bernard Lacharme, président de l’Association DALO, publie une tribune dans les colonnes de Libération. « Plus que jamais alors que la guerre resurgit en Europe, les droits fondamentaux doivent être la boussole de toute action publique. Ils ne peuvent être, ni réduits aux seules libertés démocratiques, ni traités comme une vague référence qui n’obligerait personne. Ils doivent être mis au cœur de l’action, au cœur des programmes et des projets pour demain. Il y a urgence pour ceux qui souffrent de misère et de mal-logement, il y a urgence aussi pour notre démocratie. »