Association DALO

Faire un don
Bouton menu

Aides au logement : la Cour des comptes s’interroge sur l’équité

Dans un chapitre spécial de son rapport annuel, la Cour des comptes examine les réformes qui affectent les aides personnelles au logement. L’État, qui s’est largement substitué aux régimes sociaux dans leur financement à partir de 2015-2016, multiplie depuis les mesures pour réduire leur budget. De 18,3 milliards en 2017, elles passent à 15,3 milliards en 2020. Si elle n’a pas pour habitude de faire reproche au Gouvernement de réduire les dépenses publiques, la Cour n’en relève pas moins les interrogations, « notamment en termes d’équité », soulevées par ces mesures d’économie.

« Les mesures de gel ou de sous-indexation ainsi que la réduction de 5€ par mois se sont appliquées en effet uniformément, quelle que soit la situation sociale et financière des bénéficiaires, y compris les ménages les plus modestes. » La réduction de 5€ représente une économie de 400M€ annuels pour l’État et l’économie liée à la sous indexation, qui n’est pas chiffrée par la Cour des comptes, est estimée par la Fondation Abbé Pierre à 770M€.

La prise en compte du patrimoine dans le calcul de l’aide a été appliquée aux seuls nouveaux bénéficiaires.

La réduction massive du montant de l’APL pour tous les locataires Hlm est financée par les bailleurs sociaux à travers une « réduction de loyer de solidarité ». La baisse représentait 800 M€ en 2018. La Cour relève pudiquement que cette mesure « rend complexe la stratégie d’investissement des organismes de logement social ». En clair : elle contraint les Hlm à réduire la construction de nouveaux logements sociaux...

La Cour approuve la nouvelle réforme qui, en introduisant la prise en compte des ressources actuelles des bénéficiaires, vise à faire économiser 1,3 milliard. Mais elle en relève la complexité, qui a conduit à son report de 2019 au 1er janvier 2020, puis au 1er avril. La Cour souligne : « au-delà de cet objectif d’économies budgétaires, il importe que la mise en œuvre de cette réforme soit attentive à rechercher une amélioration de l’équité du système et la réduction de ses effets indésirables, en permettant notamment la prise en compte plus rapide et plus juste des situations de perte d’emploi ou de reprise d’activité. »

La Cour insiste sur la complexité du barème des aides, qui est illisible et parfois inéquitable : à ressource égale, le montant de l’aide est différent selon que le bénéficiaire perçoit des revenus d’activité ou des revenus de transfert (AAH, RSA, allocation chômage..). Si, globalement, les personnes concernées semblent connaître leurs droits, la Cour pense que le non-recours, qui a été chiffré à 2% dans une étude de la CNAF en 2018, est sous-estimé.

Concernant les étudiants, qui bénéficient de l’aide sans prise en compte des ressources des parents, la Cour propose de donner à choisir entre bénéfice de l’aide personnelle et rattachement au foyer fiscal des parents. Afin de faciliter la lutte contre l’habitat indigne, elle demande un interfaçage du fichier des CAF avec celui de l’observatoire de repérage et de traitement de l’habitat indigne.

Le rapport conclut en évoquant la prise en compte des ressources contemporaines et le projet de revenu universel d’activité : « Il importe que ces opportunités soient pleinement saisies pour refonder et simplifier, dans un double souci de maîtrise de la dépense et de plus grande équité de traitement entre les différentes catégories de bénéficiaires, l’outil majeur de la politique du logement que constituent les aides personnelles au logement. »

Nous saluons le souci d’équité de la Cour des comptes, mais il faut dire les choses clairement : la politique actuellement à l’oeuvre en matière d’aides personnelles au logement n’est pas la maitrise des dépenses mais leur réduction, et cette politique heurte de plein fouet les exigences du respect du droit au logement.

Accéder au texte du rapport de la Cour des comptes


Les Actualités de l'association

Le logement face aux restrictions budgétaires
Publié le 12 mai 2025
Face au déficit accumulé par notre pays, la réduction des dépenses publiques est inscrite à l’agenda politique. S’agissant du logement, il ne s’agit pas simplement d’une perspective d’avenir mais d’une réalité largement appliquée au cours des dernières années : l’effort public pour le logement (…)

Lire la suite

Un consensus politique pour mettre fin au sans-abrisme des enfants ?
Publié le 25 mars 2025
Pas une voix n’a manqué : par 341 voix pour sur 341 votants, le Sénat a adopté le 19 mars une résolution demandant au Gouvernement de prendre des mesures pour mettre fin au sans-abrisme des enfants. Initié à l’Assemblée nationale par Marie-Charlotte Garin, repris au Sénat par Cécile Cukierman, (…)

Lire la suite

Non-assistance à personnes mal logées !
Publié le 13 février 2025
La France s’est donnée une des législations les plus avancées en matière de droit au logement, avec la loi DALO qui ouvre des voies de recours aux personnes mal logées ou non logées, avec également un code de l’action sociale et des familles qui donne à toute personne en détresse le droit (…)

Lire la suite