Association DALO

Afghanistan : quel accueil pour les réfugiés ?

L’actualité de cet été est marquée par le drame qui touche l’Afghanistan. Le départ des Etats Unis fait qu’à la guerre civile, jamais interrompue, succède l’installation d’un régime d’oppression, particulièrement dur à l’égard des femmes et de tous les militants des droits humains.

Ce drame a suscité l’engagement de la France et de différents États européens d’accueillir les réfugiés afghans. Encore faudra-t-il que les actes s’accordent avec les intentions affichées. Car les afghans qui fuient les talibans sont déjà présents sur notre sol depuis de nombreuses années. Ils forment les gros bataillons des « campeurs » de Calais et Grande Synthe, bloqués là par l’espoir d’un hypothétique passage vers le Royaume-Uni. En attendant ils vivent pourchassés par la police française qui, ne se contentant pas de les déloger, détruit les tentes qui constituent leur seul abri. Les déclarations de Boris Johnson, Premier ministre britannique, disant vouloir accueillir 20 000 réfugiés afghans, vont-elles les concerner ? La France va-t-elle modifier ses pratiques à leur égard ? Dans un rapport rendu le 11 février dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’homme appelait le Gouvernement à remettre en cause les accords franco-britanniques et à mettre fin aux atteintes à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes exilées.

Ces demandeurs d’asile et réfugiés sont également très présents dans les campements de fortune de l’agglomération parisienne. Là encore, la police procède régulièrement à des évacuations sans ménagement. Parfois ils obtiennent des offres d’hébergement de courte durée, parfois non, et ils n’ont pas d’autre choix que de réinstaller de nouveaux campements. Va-t-on enfin les accueillir dignement ? Les déclarations du Président de la République le 16 août, exprimant à la fois la volonté d’accueillir les afghans menacés et de se protéger des « flux migratoires irréguliers », ne sont pas dénuées d’ambiguïté. Le réfugié est toujours irrégulier avant d’être officiellement demandeur d’asile, puis de se voir reconnaître le statut de réfugié politique ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire. Fort heureusement, le Président s’est engagé à ne pas renvoyer vers Kaboul les personnes déboutées du droit d’asile, mais qu’en ferons nous ? Allons nous les condamner à l’errance permanente, sans toit, sans ressources, sans espoir ?

L’Association DALO rappelle que le droit à un hébergement digne et durable concerne toute personne présente sur notre sol, qu’elle soit en situation régulière ou non. Cette règle est inscrite très clairement au III de l’article L.441-2-3, qui permet à toute personne en détresse de faire un recours pour obtenir une place d’hébergement stable (recours dit « DAHO »). Nous constatons cependant que certaines préfectures ont du mal à admettre ce principe, pourtant rappelé par le Défenseur des droits. Il en va de la dignité des femmes, des hommes et des enfants qui sont venues chercher refuge dans notre pays. Il en va aussi, tout simplement, de la dignité de la France.

Bernard Lacharme
Président de l’Association DALO


Les Actualités de l'association

Quel Pacte ? Quelles solidarités ?
Publié le 26 septembre 2023
La Première ministre a présenté lundi 18 septembre son « Pacte des solidarités ». Le titre sonne bien, mais hélas les mots sont vides. Un pacte associant l’État et les associations engagées au quotidien auprès des personnes en difficulté aurait du sens. Mais il faudrait pour cela qu’elles y (...)

Lire la suite

Se saisir des armes de l’État de droit
Publié le 23 août 2023
La loi DALO a mis les armes du droit à la disposition des personnes en difficulté de logement : elle leur permet, lorsque c’est nécessaire, de saisir un juge pour obtenir de l’État qu’il fasse appliquer leur droit à un logement décent et indépendant. Force est de constater cependant que la (...)

Lire la suite

"Logement d’abord" : vraie politique ou numéro d’illusion ?
Publié le 25 juin 2023
Après le vide des annonces faites à l’issue du Conseil national de la refondation, restait la promesse d’un nouveau plan « Logement d’abord », six mois après la fin du précédent. Présenté le 20 Juin, ce nouveau plan se place dans la continuité du premier, qu’il nous présente comme un succès (...)

Lire la suite