L’Association DALO rassemble des personnes et des organisations de diverses sensibilités politiques, religieuses ou philosophiques. Elle agit pour un objectif commun, qui est la mise en œuvre du droit au logement. Au nom de cette mission, il est de notre devoir d’interpeller l’État et ceux qui le dirigent lorsque les orientations prises ne sont pas à la hauteur des besoins.
Nous n’avons pas manqué de le faire au cours des cinq dernières années, seuls ou en participant à des démarches telles que celles du Collectif des associations unies [1]. Les raisons n’ont, hélas pas manqué : la baisse de 5€ des APL, toujours en vigueur ; le prélèvement de plus de 1 milliard par an dans les caisses des organismes Hlm qui a conduit, même si ce n’est pas la seule explication, à la chute de la production de logements sociaux ; l’absence de mobilisation gouvernementale pour obtenir des préfets qu’ils relogent les personnes reconnues prioritaires au titre du DALO ; les expulsions sans relogement ; l’insuffisante pression sur les maires pour appliquer la loi SRU, heureusement prolongée au début de cette année.... Nous aurions aimé saluer la stratégie du « Logement d’abord », si les moyens lui avaient été alloués. C’est en fait l’hébergement d’urgence, le plus souvent hôtelier, qui a progressé le plus, et ce sans parvenir à mettre à l’abri, comme l’exige la loi, « toute personne en situation de détresse ». Nous nous sommes émus de la mise en cause insidieuse de l’inconditionnalité de l’hébergement par les préfectures, malgré la clarté de la ministre sur le sujet. La maltraitance policière des migrants à Calais et Grande Synthe nous heurte et nous sommes choqués lorsque, dans cet entre deux tours, le préfet de police de Paris réprime brutalement une manifestation de mal logés organisée par l’association Droit au logement [2] et procède à l’arrestation musclée de son pacifique porte parole, Jean-Baptiste Eyraud.
Clairement, le bilan de cette mandature ne peut nous satisfaire, et le programme du candidat Emmanuel Macron en matière de logement pour les cinq prochaines années tient en deux lignes qui ne nous rassurent pas.
De l’autre côté, le programme de la candidate du Rassemblement national est clair : si elle est élue, elle organisera la priorité aux Français en matière d’attribution de logements sociaux et elle supprimera la loi DALO. Les défenseurs des droits fondamentaux que nous sommes ne peuvent qu’être inquiets de la perspective d’une mandature basée sur un tel programme. Ils s’alarment des valeurs qui sous-tendent l’ensemble du projet de la candidate de l’extrême droite.
Le moment est suffisamment grave pour que l’on dise clairement ce qui nous paraît essentiel. L’essentiel est que si le candidat Emmanuel Macron est réélu, le droit fondamental au logement continuera d’être reconnu, et que nous devrons continuer à nous battre pour obtenir les moyens de sa mise en œuvre effective. L’essentiel est que si, la candidate Marine Le Pen est élue, le droit au logement sera nié au plus haut niveau de l’État, qu’il en résultera inéluctablement l’augmentation du sans-abrisme et du mal logement, et que l’exclusion, au lieu d’être combattue, sera institutionnalisée à l’encontre d’une partie de la population.
L’Association DALO n’a pas vocation à donner des consignes de vote. Elle n’a d’ailleurs pas le poids qui permettrait à de telles consignes de peser. Pour autant, il nous semble utile de dire, du point de vue de notre combat pour le droit au logement, notre vision de l’alternative proposée aux Français le 24 avril. Personnellement, dans cette alternative, je voterai Emmanuel Macron.
Bernard Lacharme
Président de l’Association DALO
[1] Le collectif des associations unies regroupe 39 associations ou fédérations oeuvrant pour le logement des personnes sans abri ou mal logées.
[2] Ne pas confondre l’association Droit au logement (DAL) et l’Association DALO (Asso DALO), qui partagent un même objectif mais avec des missions et des modes d’action différents.